Déceler les nanoplastiques dans la nature

Des fragments de plastique s’accumulent dans l’environnement. Une nouvelle méthode permet d’en déceler d’infimes particules et de les caractériser.

Films de protection, abrasion de pneus, sachets en plastique ; il y a belle lurette que nous savons qu’en se dégradant le plastique se fraye un chemin et se retrouve sous forme de petites particules dans l’eau ou dans le sol. Alors que de nombreux scientifiques s’intéressent aux microplastiques, de l’ordre du milli- ou du micromètre, on ne sait quasi rien des nanoplastiques, qui sont encore plus petits, car les techniques disponibles ne permettent pas de déceler ces particules infinitésimales dans l’environnement.

Des expériences en laboratoire montrent toutefois que les nanoplastiques pourraient nuire aux écosystèmes, de même qu’à la santé des êtres humains et des animaux. En raison de leur taille infime, ils parviennent à pénétrer les plus petits organismes vivants, voire à franchir la barrière hémato-encéphalique des organismes plus évolués. Une méthode développée avec le soutien du FNS permet pour la première fois de localiser et d’étudier les types de nanoplastiques qui tendent à s’accumuler dans la nature.

Dans le thé et dans les champs

Pour ce faire, Moritz Bigalke, chercheur en science du sol à l’Université de Berne, et son équipe ont utilisé la microscopie à rayons X à transmission par balayage, qui permet de visualiser des structures de l’ordre du nanomètre. Ils ont ainsi réussi à détecter des nanoplastiques dans des échantillons de terre et dans une tisane à la menthe infusée avec de l’eau de laboratoire très pure ; les nanoplastiques dans la tisane provenaient de la mousseline contenant du polyamide. Les scientifiques sont parvenus à identifier dans les échantillons six sortes de plastiques différents, comme le PET ou le polystyrène.

Dans l’article* consacré à ces études, Moritz Bigalke admet que la technique adoptée ne se prête pas à des analyses quantitatives, car un balayage peut prendre près de trente minutes. Elle permet néanmoins aux scientifiques de caractériser des nanoparticules, par exemple dans des échantillons de terre arable, et d’en tirer des conclusions sur des processus qui pourraient avoir une incidence sur la production végétale. En effet, le plastique arrive dans les champs par divers chemins, via le compost par exemple ou les films plastiques. Et la nature retient des traces de pollution pendant plusieurs décennies.

A. Foetisch et al.: Identification and characterisation of individual nanoplastics by scanning transmission X-ray microscopy (STXM). Journal of Hazardous Materials (2021)

https://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2021.127804External Link Icon