Les poissons détectent certains insecticides et tentent de les éviter

Détour par des eaux propres. Les alevins du poisson-zèbre réagissent à des substances comme l’imidaclopride et le diazinon. Leur présence les stresse.

Tôt ou tard, les insecticides répandus dans les champs finissent dans les cours d’eau. Les conséquences sur l’écosystème n’en sont pas encore très claires. Dans une étude soutenue notamment par le FNS, une équipe de l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau à l’Eawag a découvert que l’odorat des larves de poisson repère certains insecticides, que cette perception induit un stress, et qu’elles y réagissent.

Pour cette étude, les chercheuses et les chercheurs ont pulvérisé des insecticides de différentes classes dans un bac rempli d’eau, et ont filmé les mouvements d’alevins de poisson-zèbre. Il est apparu qu’en présence d’imidaclopride et de diazinon, les alevins se déplaçaient de l’autre côté de la cuve. Néanmoins, lorsque leurs cellules olfactives étaient d’abord bloquées par une substance chimique, les animaux ne s’écartaient pas des insecticides. Cela confirme que c’est leur odorat qui les alerte.

Hausse du niveau de stress

Afin de comprendre quelle réaction est déclenchée dans le cerveau par le contact avec les insecticides, les scientifiques ont examiné les alevins directement après l’expérience, en marquant les zones du cerveau en activité : les régions qui présentent les plus grandes différences avec le groupe de contrôle sont notamment celles qui sont sollicitées lors d’une réponse de stress.

L’imidaclopride est autorisée en Suisse, alors que le diazinon est interdit depuis 2011. La concentration des deux substances dans les eaux du pays varie selon les conditions météorologiques et la saison. Les quantités utilisées pour l’expérience se situent à un niveau certes élevé, mais tout à fait réaliste pour certaines périodes et certains lieux, selon Colette vom Berg, cheffe du projet.

Si les larves de poisson se détournent des insecticides, ces manœuvres d’évitement entraînent malgré tout un stress qui pourrait à long terme nuire à leur organisme. Ces effets doivent être étudiés de plus près, et le cas échéant être pris en compte lors de la fixation des valeurs limites.

S. Könemann et al.: Sub-Lethal Peak Exposure to Insecticides Triggers Olfaction-Mediated Avoidance in Zebrafish Larvae. Environmental Science & Technology (2021).
Doi:
https://doi.org/10.1021/acs.est.1c01792External Link Icon

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