L’encouragement des Technologies Quantiques en Europe
Budgets, priorités stratégiques et instruments de financement : un récent rapport du réseau européen QuantERA présente une vue globale de la recherche quantique menée dans ses 31 pays membres.
La recherche dans le domaine des technologies quantiques (QT) a démontré depuis des décennies son impact scientifique, économique et sociétal. Des percées technologiques devraient se produire au cours des années à venir, notamment dans les domaines de la mesure, de l'imagerie et de la communication. La deuxième révolution quantique est en marche. Dans ce contexte, QuantERA soutient depuis cinq ans 38 projets de recherche interdisciplinaire en QT impliquant des groupes de plusieurs pays. La Suisse est activement impliquée dans le réseau grâce à la participation du FNS.
Malgré son importance indubitable, la recherche en QT ne figure pas toujours comme priorité au niveau des politiques publiques. Quel soutient y apportent les différents pays ? QuantERA a publié un rapport à ce sujet pour y voir plus clair. Ce faisant, il fournit une vue d'ensemble à toutes les parties prenantes (chercheuses et chercheurs, pouvoirs publics, agences de financement, etc.) afin d'inclure ces priorités de recherche dans plus d'agendas nationaux.
Beaucoup de diversité
La majorité des programmes soutenant la recherche en QT suivent une approche ascendante (bottom-up) selon laquelle les scientifiques déterminent eux-mêmes leurs domaines de recherche. Toutefois, certains pays comme la Suisse ont mis en place des programmes nationaux dans ces domaines, ils définissent de ce fait certaines priorités stratégiques en QT. Celles-ci varient d'un pays à l'autre, même si certaines tendances émergent comme l'informatique et les simulations quantiques, ou encore l'imagerie, la métrologie et la détection quantiques.
De plus, le rapport identifie d'importantes différences au niveau des budgets nationaux, qui varient entre moins d'1 million d'euros et plus de 50 millions d'euros annuels. Le Royaume-Uni et Israël (> 50 M€) se placent en tête, suivis de l'Allemagne (20-30 M€), de l'Autriche, des Pays-Bas et de la Suisse (10-20 M€). Il est toutefois difficile d'établir un comparatif entre les pays. En effet, ces différences pourraient résulter non seulement de la taille des communautés de recherche mais également des types de frais couverts par les budgets.
Cet inventaire fournit ainsi un aperçu des priorités stratégiques et des niveaux de financement publics de la recherche quantique à toutes les parties prenantes. Il facilite par ailleurs la coordination transnationale et la poursuite de développement de programmes de recherche européens, en vue de contribuer à la compétitivité de l'Europe à l'échelle mondiale.
La Suisse au premier plan
Le rapport met certains programmes en exergue eu égard à leur rôle pionnier et leur capacité à renforcer la position de l'Europe dans le domaine des QT. Nombre de ces programmes concernent des pays associés à l'UE, comme la Suisse, qui fait ainsi partie du « peloton de tête » en QT, et ce à travers une variété de programmes consacrés à ce domaine. Dans ce contexte, le Pôle de recherche national (PRN) "QSIT – Science et technologie quantiques" revêt une importance particulière grâce à une approche pluridisciplinaire mettant à contribution la physique, la chimie, l'informatique et les sciences de l'ingénieur.
Au niveau européen, la Commission Européenne a lancé en 2018 le Quantum Flagship, troisième initiative d'envergure en recherche et innovation de ce type, doté d'un budget de plus d'un milliard d'euros. Avec deux projets coordonnés en Suisse (macQsimal et QRANGE) sur les 20 sélectionnés pour 2018-2021, le nombre de scientifiques suisses participant au Quantum Flagship est supérieur à la moyenne. Ce succès est dû aux performances de la recherche en QT dans notre pays, notamment grâce au PRN QSIT. Cette place de la Suisse se confirme également à travers le rôle prépondérant que jouent les entreprises suisses en QT aux côtés des « géants » de ce domaine au plan mondial.
Rapport de QuantERA sur les politiques publiques (en anglais) (PDF)