Mettre en lumière et protéger les fonctions des sols

© Nils Nova

Les bâtiments d’habitation et les infrastructures gagnent sans cesse du terrain sur les terres cultivables. Sous la surface, le sol abrite pourtant un précieux écosystème, fournissant des nutriments aux plantes ainsi que de l’eau potable. Le nouveau Programme national de recherche "Utilisation durable de la ressource sol" (PNR 68) vise à mettre en lumière ces fonctions de manière concrète afin de sensibiliser l’opinion à la rareté des ressources enfouies sous nos pieds.

Dans les débats sur l’intensification de la crise du logement et le mitage qui l’accompagne, une dimension fait littéralement défaut: les questions relatives à l’exploitation du sol envisagent ce dernier non pas comme un volume, mais comme une surface – qui diminue à vue d’œil, en particulier sur le Plateau suisse. Lancé cette année, le Programme national de recherche "Utilisation durable de la ressource sol" (PNR 68) s’efforce pour sa part de creuser le sujet afin de mieux comprendre et valoriser les services de l’écosystème souterrain tridimensionnel. "Les méthodes et concepts développés dans le cadre du PNR 68 doivent nous aider à mieux prendre en considération les fonctions des sols et ainsi permettre une exploitation durable de la ressource sol", explique Josef Zeyer, professeur de microbiologie de l’environnement à l’École polytechnique fédérale de Zurich et président du comité de direction du nouveau programme de recherche.

Une vie souterraine méconnue

Le PNR 68 compte en apprendre davantage sur la vie souterraine et faire en sorte que ce monde méconnu bénéficie à l’avenir d’une meilleure prise en considération, par exemple lors de la planification de nouvelles zones à bâtir. Souvent invisibles à l’œil nu, les biocénoses composées de bactéries, de champignons ou encore de nématodes décomposent en sous-sol les résidus végétaux, alimentant les plantes en nutriments. Elles assurent en outre la stabilité de la structure des sols et purifient la nappe phréatique. Comment l’agriculture peut-elle tirer profit de cette vie souterraine? Quelles seront les conséquences des changements climatiques annoncés sur les réservoirs de carbone du sol? Et enfin, peut-on accepter que des acteurs suisses accaparent ou afferment des terres en Afrique pour y produire des denrées par des méthodes agroindustrielles?

Les problématiques abordées dans le cadre des 19 projets de recherche vont de l’analyse de la concentration en substances nocives dans les terres agricoles de Suisse à l’évaluation des facteurs politiques et socioéconomiques qui favorisent l’exploitation à outrance des sols et le mitage. Afin de mener à bien sa mission, le PNR 68 dispose d’un crédit de 13 millions de francs pour les cinq prochaines années.